Ghardaia et Ben Isguen: la porte du Sahara

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La vallée de Ghardaïa est composée de cinq villes: Ben Isguen, El-Atteuf, Bou Noura, Melika et enfin Ghardaïa, la capitale du M’Zab. A 600 kilomètres au sud d’Alger, les Mozabites ont su construire une société, stricte mais solidaire, pieuse mais pas intégriste, dans un milieu naturel hostile. Ghardaïa est l’ultime cité avant de pénétrer dans le plus grand désert du monde.

L’écrivain-voyageur Paul Bowles (1910-1999) disait des hommes du M’Zab qu’ils sont laids et des femmes qu’elles sont tristes, tristes de voir les hommes si laids… Facétie poétique ou pirouette littéraire de cet apôtre de l’étrangeté, installé à Tanger?


Dans le dédale des médinas de Ghardaïa, il est bien difficile de croiser le regard des épouses, donc de lire dans leurs pensées… Elle cachent leur visage derrière un voile qui n’écarte ses deux pans que pour laisser apparaître un seul oeil, comme le veut la tradition mozabite. Un Occidental pourrait y voir de la tristesse, de l’indifférence ou même de la colère, une insulte à la condition féminine.

Quant aux hommes, vêtus de blanc, gandoura et traditionnelle araguia, petite coiffe de toile, rencontrés dans les ruelles du souk, sur les chemins de la palmeraie, rien ne justifie pareil opprobre. Avenants, ni curieux ni envahissants, marquant la distance par respect pour l’étranger, ceux-ci attendent le même respect en retour.

Six cent kilomètres au sud de la capitale et mille deux cents au nord de Tamanrasset, capitale du Hoggar, nombril du désert absolu, le M’Zab, déposé au milieu des rocailles, a conservé le parfum primitif d’une contrée non polluée par le tourisme qui s’est détourné de lui.

Ici commence le Sahara.

Seul les proscrits et les saints auraient pu s’établir dans un endroit aussi inhospitalier. Lorsque les premiers Mozabites colonisèrent le fond de ce large oued excavé dans le désert rocheux, tranchant et plat, le Chebka, ceux-ci préfèrent l’exode à la promiscuité avec l’islam orthodoxe.

Avec toute la rigueur dont ils sont capables, ces pieux musulmans creusèrent de profond puits à même la roche, plusieurs générations durant, afin que leurs fils et les fils de leurs fils puissent en bénéficier. Ceux-ci ont fertilisé ce milieu hostile, planté palmiers dattiers, créé vergers et jardins luxuriants, aménagé canaux d’irrigation et ingénieux systèmes pour recueillir et emmagasiner l’eau de pluie afin qu’aucune goutte ne se perde. “L’eau est un don de Dieu”, se justifie Brahim Hadjuut, enseignant érudit rencontré à Ben Isguen.

Comme par enchantement, cinq cités sortirent du néant dont la première, El-Atteuf, en 1011, Bou Noura en 1046, Ghardaïa en 1048, puis Melika et enfin Ben Isguen, la “Sainte” trois siècles plus tard. Ainsi naquit la pentapole, dans la vallée du M’Zab, avec Ghardaïa comme diadème, telles le cinq filles engendrées par le désert.


Ghardaia: La Porte du Désert par Santiago Mendiéta, Histoire et Patrimoine, Algérie.
Ghardaia Ben Isguen photo
Ghardaia Ben Isguen photo
Ghardaia Ben Isguen photo
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